Assez peu de changements dans mon état en ce début d'année, marqué par les terribles attentats dans le pays. J'ai cependant pu participer à la grande marche du 11 janvier, sans trop de craintes pour mon épaule.
La quasi-panique qui m'envahissait lorsque je devais sortir a donc fini par disparaître, pour laisser place à
une grande vigilance, comme par exemple le fait de marcher en regardant loin devant soi (et non ses pieds) pour anticiper les obstacles et éviter les chutes.
J'ai jusqu'à présent publié un post par semaine sur ma guérison et il est temps de passer à un rythme moins soutenu si je ne veux pas radoter sur le sujet. Je posterai donc dorénavant tous les quinze jours.
Le mental
Voici presque trois mois que je suis tombée et j'ai maintenant la certitude que la guérison va prendre beaucoup de temps. A ce jour, je peux lever mon bras à 45° devant moi et sur le côté, ce qui bien sûr me paraît très peu.
Je ne cacherai pas que je passe par des moments de très grande inquiétude : vais-je récupérer l'amplitude de mouvement que j'avais avant l'accident ou seulement récupérer une épaule fonctionnelle pour la vie quotidienne --et alors adieu mes séances de Pilates "normales" ? Je me secoue et je me redis ces bonnes paroles d'une amie :
C'est 100 % de récupération qu'il est important de viser psychologiquement, ça met dans la bonne voie de la guérison. C'est l'ordre qui est donné au corps par le cerveau et ça marche !
Ce qui m'aide aussi beaucoup ce sont les blogs des personnes qui ont eu a se remettre de la même blessure. Mon préféré est celui de Pat (
Shoulder Diary - From Injury to Recovery), une américaine d'une soixantaine d'années, qui a fait une mauvaise chute de bicyclette en octobre 2010. Son épaule s'est fracturée comme la mienne (tête de l'humérus en plusieurs morceaux, déplacés). Elle a été opérée quelques jours plus tard et ses os ont été fixés par une plaque et des vis. Elle a chroniqué son état pendant quatre ans, en espaçant les posts au fil du temps.
Dans un post d'août 2012 (presque deux ans après son accident), elle montre ce qu'elle a récupéré comme amplitude de mouvement. Ce post (pour une raison qu'elle ignore) a généré 640 commentaires et je trouve extrêmement aidant de lire ce que tous ces blessés ont à dire. Ça peut paraître bizarre, parce que la plupart (pour ne pas dire tous) expriment la douleur, l'incompréhension, la frustration ! Serait-ce donc le malheur des autres qui serait une consolation ? Je plaisante ! Ils échangent aussi de nombreuses astuces pour se simplifier la vie, ainsi que des avis sur leur opération ou leur traitement, ou encore sur leur rééducation. Ils s'encouragent aussi les uns les autres. Du coup, on se sent moins seul !
La rééducation
C'est mon activité principale depuis que je suis sortie de l'attelle le 2 décembre.
Fréquence et durée des séances
- En cabinet
Certains préconisent deux à trois séances d'une vingtaine de minutes par semaine. En ce qui me concerne, mon kinésithérapeute me voit
trois fois par semaine pendant environ une demi-heure. J'en suis à la dix-huitième séance sur trente prescrites et pour l'instant, on travaille toujours
en mobilisation passive.
- A la maison
L'auto-rééducation ne remplace pas le travail avec le kinésithérapeute, mais c'est
un adjuvant important. J'essaie maintenant de faire
deux séances de 20 à 30 minutes (selon les jours) et d'ajouter quelques exercices de pendulaire dans la journée. Je glace systématiquement l'épaule pendant un quart d'heure après la séance. A noter : je commence et termine toujours mes séances par le pendulaire pour chauffer mon épaule avant les exercices plus difficiles et pour la relâcher en fin de séance.
J'ajoute systématiquement ces exercices à ma routine :
Je garde aussi en tête que
la mobilisation pendulaire cinq à six fois par jour est fondamentale pendant 3 à 5 minutes (dixit le Centre orthopédique de Provence
p. 2, point 3). Le Dr Yves Rouxel préconise lui,
sur son site, 10 à 15 minutes trois à quatre fois par jours. Voir aussi
les conseils de l'IMMS (Institut de la Main et du Membre Supérieur).
J'ai par ailleurs acheté le
Shoulder Exercise Book de Shoulderdoc. Il m'accompagnera longtemps ! J'y reviendrai dans un prochain post.
L'autonomie
J'ai bien aimé cette maxime citée par
Lennard Funk (le chirurgien orthopédiste créateur du site Shoulderdoc :
"Life isn't about waiting for the storm to pass. It's learning how to dance in the rain."
Vivre sa vie, ça n'est pas attendre que l'orage passe. C'est apprendre à danser sous la pluie.
J'enfonce une porte ouverte, mais je confirme que la perte d'autonomie est sans doute un des aspects les plus pénibles de la situation. Demander ou accepter de l'aide n'est pas facile, de même qu'il est probablement tout aussi difficile pour l'entourage d'adopter la bonne posture. En creusant un peu la question, je tombe sur cet abstract d'un article :
Seniors' narratives of asking (and not asking) for help after a fall: implications for identity
PATRICIA A. MILLER,CHRISTINA SINDING,LAUREN E. GRIFFITH,HARRY S. SHANNON and PARMINDER RAINA
Les auteurs ont étudié les mécanismes d'aide informelle auprès de seniors (canadiens) ayant fait une chute les ayant conduits aux urgences. Il en ressort que l'autonomie est extrêmement importante à leurs yeux. Devoir demander de l'aide à la famille ou aux amis est perçu comme une atteinte à l'identité : on devient redevable envers les autres, on se sent diminué et un fardeau pour l'entourage. Ce n'est que lorsqu'on peut échanger de l'aide avec d'autres que celle-ci est perçue de façon positive. Certains vont même jusqu'à ne pas solliciter d'assistance alors qu'ils en ont besoin, par souci d'indépendance. L'étude attire l'attention des autorités sanitaires et des prestataires sur ce point.
Vous aimerez peut-être aussi lire cet article :
Le don et le contre-don dans la relation aidant/aidé.
La douleur
Elle est toujours là, à mon grand dam (et je la consigne toujours
dans mon pain diary) ! Et en dépit de tout l'arsenal législatif ou éthique que j'évoquais
dans un post précédent, pour ce qui me concerne, je dois me débrouiller seule. Mais ça n'est sans doute pas une généralité : un ami me parle d'une personne en réducation pour une opération de la coiffe des rotateurs dans un hôpital breton où le mot d'ordre semble être l'écoute du patient : s'il souffre, on modifie les séances de rééducation ou on les stoppe temporairement, si le moral du patient baisse, on lui propose de la sophrologie... J'ai des envies de déménager en Bretagne !
J'avais envisagé d'essayer l'homéopathie et l'acupuncture, mais un rendez-vous auprès d'un praticien ne m'a vraiment pas convaincue. Sans doute faut-il trouver le praticien avec qui on se sent en confiance. Là encore, il faut se débrouiller seul ou en tout cas avec les ressources en ligne. Une fois de plus, c'est sur Shoulderdoc que je trouve un complément d'information :
Comprendre la douleur et comment y remédier dans une vidéo d'un peu moins de 5 minutes :
Astuce : pensez à activer les sous-titres des vidéos YouTube (voir comment faire ici).
Je réalise que je n'ai pas reparlé de mes cicatrices depuis
mon post du 8 décembre. Elles ne m'ont jamais fait vraiment souffrir, elles sont seulement sensibles, notamment la plus grande. J'applique toujours dessus
le gel Kelo-cote deux fois par jour et la cicatrisation se passe bien.
Les célébrités aussi !
Je termine ce post avec des nouvelles des people qui ont souffert de fractures en fin d'année.
Bono d'abord :
il s'est exprimé en début d'année pour dire qu'il consacrera tout le premier semestre à son rétablissement pour pouvoir assurer ensuite la tournée de U2. Il annonce aussi qu'il pourrait ne plus être capable de jouer de la guitare en raison de sa fracture du coude gauche. Il précise avec humour : "Le groupe m'a rappelé que ni eux, ni la civilisation moderne ne dépendaient de cela". That's the spirit, Bono !
Pas de nouvelles récentes de
Lorànt Deutsch depuis son apparition
dans l'émission de Thierry Ardisson peu de temps après son accident. Il devrait jouer au Théâtre Antoine à partir du 23 janvier, dans une pièce appelée "Le système". En regardant la bande annonce, il me semble qu'il tient son bras droit (blessé) de façon assez peu naturelle. Qu'en pensez-vous ?
Enfin, lors de la marche républicaine du 11 janvier, l
a Première ministre danoise, Helle Thorning-Schmidt (celle-là même qui avait fait
le fameux selfie avec le président Obama), a fait une chute en sortant de l'Elysée. Heureusement pour elle, apparemment, rien de cassé !