Un mois morose
Same old same old
Un mois s'est écoulé depuis mon dernier post, mais c'est peut-être la fréquence qui est dorénavant adaptée pour relater cette mésaventure.Rien de bien nouveau pendant ce mois, la situation s'éternise : douleur permanente et souvent très pénible, surtout la nuit, amplitude de mouvements toujours très limitée, voire en régression certains jours. Je m'installe malgré moi dans une routine morose qui exclut toute vie normale : visites chez le kinésithérapeute un jour sur deux et auto-rééducation les autres jours.
La capsulite rétractile ou "épaule gelée"
Une question me taraude depuis avant même que je ne sorte de l'attelle : vais-je avoir / Ai-je une capsulite rétractile (frozen shoulder) ? La littérature sur le sujet le dit : un traumatisme et une immobilisation prolongée peuvent en être la cause. Depuis la fin de l'immobilisation, je redoute encore plus d'en souffrir parce que j'en reconnais tous les symptômes : douleurs insupportables et enraidissement limitant très fortement la mobilité articulaire.Néanmoins, lors de ma deuxième visite post-opératoire chez le chirurgien (deux mois après qu'il ait ôté l'attelle), celui-ci m'a assuré que tout était normal, sans autre forme d'explication. De son côté, le kinésithérapeute, après 37 séances de rééducation, m'affirme qu'avec une capsulite je n'aurais pas l'amplitude (pourtant minimale à mes yeux) qu'il constate. Par leur posture, ces deux professionnels m'encouragent à leur donner ma confiance sans réserve et à ne surtout pas essayer d'en savoir davantage. Pour eux, Internet notamment est à bannir absolument, sous peine de compromettre la guérison en se faisant de fausses idées.
Je ne voudrais certainement pas faire du doctor bashing en revenant sur les rapports inégalitaires entre certains soignants et leurs patients, mais simplement redire que dans mon cas ça contribue à ma baisse de moral et donc à ma guérison. Je reconnais par ailleurs bien volontiers que pour certains patients, la confiance aveugle peut s'avérer bénéfique, même si c'est à l'encontre de la notion d'empowerment qui traverse aujourd'hui la société.
Pour ce qui me concerne, j'ai l'impression d'avoir affaire à des soignants qui n'entendent rien, ne voient rien et ne veulent rien dire, à l'instar des trois singes de la sagesse chinoise. Cette image humoristique trouvée dans une présentation de Lennard Funk, le chirurgien orthopédiste fondateur du site Shoulderdoc, l'illustre bien. Rares sont les médecins qui, comme lui, pratiquent l'auto-dérision !
"Ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire." |
Une nouvelle étape
Il y a aujourd'hui cinq mois, jour pour jour, que j'ai eu cet accident (le 18 octobre 2014). Fin janvier je prévoyais déjà de rechercher un deuxième avis, ce que je viens de faire. D'abord, j'ai eu la chance de rencontrer dans la vie réelle le généreux auteur du blog Orthopédie pour tous. Il suspectait une capsulite au vu de mes descriptions et l'examen clinique qu'il a pratiqué l'a confirmé. Il préconise d'éviter toute rééducation ou auto-rééducation agressive et de faire plutôt pratiquer des étirements de la capsule. Il conseille aussi de prendre des anti-inflammatoires par voie orale pendant une dizaine de jours et à défaut d'amélioration, d'envisager une infiltration (voir le traitement de la capsulite sur son site Orthopédie pour tous).Restait à mettre en pratique cette prescription chez moi, à Paris. J'ai donc vu un spécialiste de l'épaule (un chirurgien, parce qu'il n'existe pas de médecin orthopédiste non chirurgien, comme le souligne Orthopédie pour tous). Ce chirurgien a lui aussi diagnostiqué une capsulite en me prévenant que j'en souffrirai probablement pendant un an ou deux.
Au vu des radios avant et après l'opération, il s'est déclaré en désaccord avec la procédure choisie pour l'opération (un clou huméral et des vis). Selon lui, elle n'est pas appropriée à mon cas et elle est la cause de la capsulite. D'après lui, des vis auraient été suffisantes. Pour couronner le tout, il m'informe que je garderai ce clou à vie : l'enlever présenterait bien plus d'inconvénients que d'avantages.
Il m'a indiqué les traitements possibles et m'a prescrit dans un premier temps de la kinésithérapie non agressive à faire faire par un kinésithérapeute du sport, spécialisé dans la rééducation de l'épaule. Sa prescription est d'ailleurs très détaillée (une page) comparée à celle établie par mon chirurgien et qui tenait (littéralement) en deux mots : force et mobilité. Il propose de me revoir dans deux ou trois mois pour décider de la suite à donner.
Le discours du nouveau kinésithérapeute va dans le même sens : il ne sert à rien d'agresser l'articulation, sinon à aggraver l'inflammation. Lors de la première séance, il "fait connaissance" avec mon épaule et il m'indique comment nous allons travailler, à raison de deux séances par semaine. Dans un premier temps, il pratiquera notamment des décoaptations. Pour ce qui concerne mon auto-rééducation, il sélectionnera dans mon Shoulder Exercise Book les exercices que je pourrai réaliser, le nombre de répétitions et la fréquence. C'est bien à ça que sert ce cahier : le thérapeute complète chaque exercice avec sa prescription :
Extrait du Shoulder Exercise Book |
Plus d'informations sur la capsulite rétractile
En français- Par un chirurgien orthopédiste, le docteur Yves Rouxel
- Sur le site Orthopédie pour tous d'Yves Seghin, kinésithérapeute
- Ou encore cette vidéo canadienne :
En anglais
- Sur le site de Shoulderdoc
- Ou encore cette vidéo de Lennard Funk, le chirurgien orthopédiste fondateur du site Shoulderdoc :
Une école de patience
On le dit partout : la fracture de l'épaule met la patience (et le moral) à rude épreuve. Toutes les petites choses triviales de la vie quotidienne qu'on faisait auparavant sans y accorder la moindre attention relèvent du challenge, notamment les deux premiers mois. Et les premières semaines, la liste de tout ce qui pose problème est plutôt longue. Dans mon cas, j'ai dû apprendre à me servir de mon bras gauche (je suis droitière) et au final je n'y ai pas mal réussi. Je suis arrivée à me débrouiller dans presque toutes les circonstances, mais en y mettant le temps. Les premières semaines, j'ai essentiellement eu besoin d'aide pour la toilette de mon bras gauche, le droit étant coincé dans l'attelle, et aussi pour couper les aliments.Cinq mois plus tard, je me force à utiliser mon bras droit à chaque fois que c'est possible.
Ce que je peux à nouveau faire
- Couper les aliments et manger avec la main droite
- Boire en tenant le verre de la main droite
- Mettre des boucles d'oreille
- Me brosser les dents avec la main droite (avec une brosse électrique)
- Passer le fil dentaire en utilisant les deux mains
- Me faire une pédicurie (avec difficulté)
- Mettre et enlever un t-shirt par le haut, mais avec pas mal de contorsions
- Retirer ma carte de crédit du distributeur lorsque je retire de l'argent (je n'avais pas anticipé cette vraie difficulté !)
- Lire un livre autrement que sur une tablette
- Pédaler sur mon vélo d'appartement en tenant le guidon des deux mains
Ce que je ne peux toujours pas faire
- Me faire un shampoing et me sécher les cheveux en utilisant les deux mains
- Ecrire ma liste de courses sur l'ardoise du mur de la cuisine (placée trop haut !)
- Dormir sur mon côté blessé
- Faire mes exercices habituels de Pilates (je suis contrainte d'adapter ma routine)
- Soulever mon chat (presque 6 kilos) !
La rubrique People
Fin février, c'est Madonna qui a fait une chute spectaculaire qui aurait pu être très grave, lors de la cérémonie des Brit Awards. Sans doute s'est-elle fait mal, peut-être même très mal. Chapeau bas à elle pour avoir continué son show comme si de rien n'était !
Incidemment, on peut se demander pourquoi les chutes font rire ceux qui en sont témoin. Bergson disait que le rire « exige une certaine anesthésie du coeur » !
Incidemment, on peut se demander pourquoi les chutes font rire ceux qui en sont témoin. Bergson disait que le rire « exige une certaine anesthésie du coeur » !