26 déc. 2014

Semaine 10 - 22 décembre 2014

Ma vie en ce moment s'articule autour de deux pôles : la douleur et la rééducation.

La douleur

Le temps passe et la douleur perdure. Je me rassure en lisant partout qu'elle est normale pour ce type de fracture : "Many people will not be pain-free for up to a year following shoulder surgery." (physiodc). Je prends du Tramadol tous les soirs au coucher, ce qui me permet des nuits passables. Mon Pain Diary me montre que la douleur recule, même si elle reste encore au-delà de 5 sur une échelle de 0 à 10. C'est motivant. Je continue aussi à glacer l'épaule, notamment après mes exercices de rééducation et un peu avant de me coucher. Je vais aussi essayer des thérapeutiques alternatives, comme l'homéopathie, l'ostéopathie, l'acupuncture... selon les suggestions du site santé.gouv.fr, notamment dans son document La douleur en questions (page 74 :  Moyens non pharmacologiques, principales approches). Voir aussi mon post précédent sur le sujet de la douleur.

La rééducation

Entre les vacances de Noël et la grève des médecins généralistes, il est difficile cette semaine de tenir mes résolutions de prise de rendez-vous. Je remets ça à début janvier et je me concentre sur la rééducation.

En cabinet

En cette fin de dixième semaine (26 décembre), j'ai fait neuf séances avec le kinésithérapeute (sur 30 prescrites). Je me souviens de son commentaire lors de mon premier rendez-vous le 3 décembre après qu'il ait regardé mes radios et mon amplitude de mouvements : "Bon, on n'est pas rendu !". Les séances débutent généralement par un massage du bras et de la zone voisine (trapèzes, cou, dos) puis on passe à des exercices passifs : le kinésithérapeute mobilise mon bras dans différentes directions. Certaines fois, il me demande d'être active et d'accompagner le mouvement. Je comprends qu'il faut aller jusqu'à la douleur, sans toutefois la pousser trop loin car alors ça devient contreproductif.

A la maison

Je me prépare une routine pour mes exercices en solo à la maison. On trouve beaucoup de conseils sur internet (voir, par exemple, dans ma section Liens utiles la rubrique Rééducation). J'ai sélectionné ces huit exercices sur le site de shoulderdoc, auxquels j'ajoute les levers de tube (debout contre un mur, tenir un tube en carton -ou un bâton- devant soi et le monter à l'horizontale. le bras valide entraînant le bras blessé) :

Ma routine
Source : shoulderdoc.co.uk, notamment la chaîne YouTube de Lennard Funk
le chirurgien orthopédiste qui a créé ce site en 2002.

J'ai réuni ces huit exercices dans une playlist :


Pour ne pas se lasser, on peut varier les exercices. Voici donc quelques variantes du pendulaire et de l'abduction assise :

Petite variante du pendulaire :


L'abduction assise. L'exercice dit Towel Slides (ou encore Table Slides)

Une autre variante du Towel Slides :

Position correcte
Omoplates vers l'arrière et vers le bas
Source : shoulderdoc

Je termine cette série par une détente du trapèze : debout ou assise, relâcher les épaules en bonne position (voir ci-contre), laisser agir la gravité sur le bras blessé et pencher la tête de l'autre côté. Maintenir la position une bonne minute.

J'en profite pour donner cette astuce indiquée par mon professeur de Pilates : travailler aussi le côté non blessé. Non seulement, c'est bon pour la symétrie, mais aussi le "bon" côté montre et apprend au "mauvais" côté comment faire.

Ça va sans dire : consultez votre chirurgien et votre kinésithérapeute avant d'exécuter quelque exercice que ce soit. Chaque cas est particulier.

Joyeux Noël !
Joyeux Noël !

20 déc. 2014

Semaine 09 - 15 décembre 2014


Je résume cette semaine en deux mots : douleur et petits progrès.

La douleur

J'arrive à la fin de la neuvième semaine depuis l'accident et la douleur ne cède pas. Elle est encore très élevée, voire insupportable la nuit (je continue à tenir mon Pain diary pour mon seul bénéfice --et celui de mes éventuels lecteurs ;-). Je suis délivrée de l'attelle depuis deux semaines et les autres pensent que, du coup, on ne souffre plus (moi-même j'avais espéré que ce serait le cas !).

Solitude
It's a lonely world!
Je constate que la douleur est un état qu'on doit gérer tout seul, malgré ce qu'on peut lire dans les médias. Je ne vois nulle part autour de moi une prise en charge de la douleur par les soignants que je côtoie. Ceci ne remet pas en cause leurs compétences professionnelles. Mais, en tout cas pour ce qui me concerne, je fais le constat que la prise en charge de la douleur n'est pas une compétence professionnelle de leur métier. Ça semble plutôt relever de leur degré d'empathie et être en quelque sorte "à côté" (ou en plus) de leur pratique professionnelle. Or, je le disais déjà la semaine dernière : la douleur est source d'anxiété. On voudrait savoir si elle est "normale" à ce stade de l'évolution de la fracture. Sans réponse de mon environnement de soignants, je me tourne vers mon blog favori : Shoulder Diary - From injury to Recovery. L'auteur a fait un point deux ans après son accident et ce post a généré près de 600 commentaires. On y voit que les victimes de ce type d'accident souffrent beaucoup et longtemps. Je me situe donc apparemment dans la norme.

En creusant le sujet de la douleur, je découvre sur santé.gouv.fr que "l’évaluation et la prise en charge de la douleur constituent un véritable enjeu de santé publique. La loi relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé du 4 mars 2002 reconnaît le soulagement de la douleur comme un droit fondamental de toute personne. La lutte contre la douleur est également une priorité de santé publique inscrite dans la loi de santé publique de 2004."

Ce site est très informatif : on y parle notamment :

Des différents types de douleurs 

  • Catégorisées selon leur durée : aiguës ou chroniques 
  • Ou selon leur mécanisme : norireceptive (suite à une blessure, une piqûre...), neuropathique (consécutive à une lésion nerveuse), psychogène (suite à des troubles psycho-pathologiques)

Des outils d'évaluation de la douleur

  • Echelle numérique (EN) : on donne une note de 0 (Pas de douleur) à 10 (Douleur insupportable) en fonction de la douleur ressentie
  • Echelle visuelle analogique (EVA) : le patient déplace un curseur sur une échelle horizontale graduée de Pas de douleur à Douleur maximale imaginable.
  • Echelle verbale simple (EVS) : le patient indique au soignant le palier où se situe sa douleur, sur une échelle de 5 paliers : de 0 : Absence de douleur à 4 : Douleur extrêmement intense

Des professionnels ressources

A savoir :
  • Les professionnels de santé : le médecin traitant, le pharmacien, le médecin de garde, le médecin spécialiste, l'infirmière
  • Les structures spécialisées dans la prise en charge des douleurs chroniques

Et des informations sur l'action des Pouvoirs Publics 

  • Les différents plans : 1998-2000, 2002-2005, 2006-2010 
  • Les priorités : notamment la formation initiale et continue des professionnels de santé

Si vous visitez le site santé.gouv.fr, pensez à télécharger les documents figurant au bas de la page : La douleur en questions, Votre douleur, parlons-en, Comment lutter contre les idées reçues sur la douleur. On y apprend beaucoup.

Le simple fait de constater que la douleur qu'on ressent est un objet d'études, que le législateur la prend en compte, que des structures ou des équipes soignantes intègrent sa prise en charge dans leurs pratiques est déjà un réconfort. Mais comme dans les process qualité, parfois (souvent ?), pour de multiples raisons (manque de temps, désir de simplification...), on ne respecte que la lettre et non l'esprit.

Après la lecture des informations du site santé.gouv.fr, je décide de me tourner d'abord vers mon généraliste et de chercher aussi du côté d'autres thérapeutiques comme l'acupuncture, l'homéopathie, l'ostéopathie. Priorité pour la semaine prochaine : prendre des rendez-vous.

Les petits progrès

Je n'arrive pas à mesurer l'amélioration de mon amplitude de mouvements : j'ai le sentiment que la progression est minime. Cependant, j'arrive maintenant à exécuter des petites activités de la vie quotidienne qui m'étaient impossibles la semaine dernière : mettre des boucles d'oreilles, porter (difficilement) une fourchette à la bouche avec la main droite.

Et nos amis les people ? 

Bono après l'accident
Vous vous en souvenez peut-être : Bono et Lorànt Deutsch ont récemment eu un accident de deux roues (vélo pour Bono et scooter pour Lorànt Deutsch). Bono a été vu à Dublin le 16 décembre, le bras encore dans une attelle. On dit qu'il fait de la rééducation deux fois par jour. Lorànt Deutsch, lui, a évoqué son accident dans l'émission Salut les Terriens sur Canal+). Même s'ils font bonne figure, je me dis qu'ils souffrent sûrement beaucoup et qu'ils se font du souci pour leur carrière. Keep your chin up, Guys!


10 déc. 2014

Semaine 08 - 8 décembre 2014

Je suis maintenant un(e) vétéran(e ?) pour tout ce qui concerne l'adaptation à la vie quotidienne avec un seul bras valide (s'habiller, se laver, se coiffer, manger, dormir, etc.). Cette semaine je me focalise sur deux points qui me préoccupent : la douleur et les cicatrices post-opératoires. Je mets aussi toute mon application à la rééducation.

La douleur

J'en suis à la deuxième semaine hors de l'attelle et contre toute attente, la douleur est majeure et vraiment obsédante.

On a vite le sentiment d'une perte totale de contrôle en cas de douleur. D'abord, on voudrait savoir :
  • Qu'est-ce qui fait mal ? Les os, les muscles, les tendons, les cartilages ? Sans doute un peu tout à la fois. Mais mon cerveau sait par exemple différencier une douleur digestive d'une douleur articulaire. Or dans le cas du bras et de la région de l'épaule, la douleur semble multiple et être partout.
  • Est-ce normal ? Ça va-t-il durer ? Je pourrai m'en accommoder si j'avais une idée du temps qu'il faut, en moyenne, pour que la douleur cède.
  • N'y-a-t-il pas d'autres choses à faire pour combattre la douleur (outre la prise d'antalgiques) ?
Ignorance is bliss
I'm no Calvin !
Les professionnels répondent que chaque cas est particulier et qu'il est difficile de donner des indications (je le comprends, mais il existe forcément des études sur le sujet). On est encouragé à ne pas y penser et à rester positif. Mais l'ignorance et la passivité (même positives) ont un effet discutable sur mes douleurs. 

Je me tourne une fois de plus vers Shoulderdoc qui reste tout en haut de ma liste des sites indispensables pour comprendre ma fracture et ses suites. On y parle de la douleur à de nombreux endroits du site, notamment ici. Je décide de glacer mon épaule pendant quinze minutes plusieurs fois dans la journée (attention : il faut penser à ne pas poser le pack de glace directement sur la peau pour ne pas la brûler). Il me semble que ça apporte un certain soulagement. J'utilise un cold/hot pack trouvé en pharmacie, mais beaucoup de sites préconisent les petits pois surgelés (en sachet !). Le cran au-dessus, c'est la cryothérapie au moyen d'attelles spéciales (pour des cas spéciaux, je suppose).

Toujours  inspirée par Shoulderdoc, je tiens mon Pain Diary (je ne me résous pas à le dire en français : toutes les traductions sont trop déprimantes : Journal de douleur, Carnet de consigne de douleur...). Il existe une App pour l'iPhone (mais pas pour Android), mais on peut aussi utiliser le pdf fourni par Shoulderdoc. Pour ce qui me concerne, je tiens ce journal sur une feuille de calcul Google. Bien sûr, ce journal est idéalement destiné au dialogue patient/soignants. Mais même si je suis la seule à m'en servir, ça me donne du recul et, sur la durée, sans doute de l'optimisme.

Les cicatrices post-opératoires

J'ai une longue cicatrice sur le haut de l'épaule (environ 20 cm) et deux autres, plus petites sur le côté du bras (l'une de 3 cm et l'autre de 5 cm). Elles me semblent avoir un aspect satisfaisant (merci au chirurgien) et je suppose qu'avec des soins appropriés, je peux espérer qu'elles se fassent discrètes avec le temps.

Là encore, je trouve des réponses sur le site de Shoulderdoc. Il semble qu'il y ait un consensus chez les professionnels sur les bienfaits du gel topique de silicone pour la cicatrisation de la peau, même si la façon dont il agit est encore sujette à débat (ce pourrait être l'hydratation, plutôt qu'une propriété particulière de la silicone elle-même, qui améliore la cicatrisation).

Ma pharmacienne m'oriente sur le gel Kelo-cote :



















Plus d'informations sur le site de Kelo-cote.

Ce gel existe en petit tube et en spray. Il est assez cher (33 € pour le tout petit tube), mais on en met vraiment très peu (la valeur d'un grain de riz). On peut l'utiliser dès que la cicatrice est refermée et après le retrait des sutures. Pour ce qui me concerne, je commence donc huit semaines après l'opération et quatre jours après le retrait des agrafes. L'idée, c'est de l'utiliser sur la durée (plusieurs mois). Il faut veiller à surtout de pas en mettre trop (la valeur d'un grain de riz), sinon il ne sèche pas et il faut retirer l'excédent. Je le trouve très facile d'emploi et ma confiance dans le produit ajoutera sans doute un effet placebo bienvenu !

La rééducation

J'écris ce post le mercredi soir de cette huitième semaine et je sors à l'instant de ma quatrième séance (sur 30 prescrites). La fréquence sera vraisemblablement de trois séances par semaines, si possible. Le kinésithérapeute masse le bras et notamment le haut de l'épaule, y compris la cicatrice avec un appareil qui me semble décoller les tissus. Puis suivent les mouvements passifs : je suis allongée sur le dos et il mobilise mon bras dans différentes directions. Difficile de rester décontractée et de laisser le mouvement se faire. Mais j'ai confiance et je fais de mon mieux.

Le pendulairePar ailleurs, comme indiqué par mon kiné, je fais au moins quatre séries de pendulaires dans la journée, chez moi. Il m'a aussi donné un tube en carton (ces tubes qui servent à envoyer des affiches par la poste). Je le tiens devant moi, avec les deux bras tendus vers le bas et les abdominaux bien serrés et en étant bien centrée et je lève le tube (enfin, j'essaie).

Pendulaire : les cerclesJe relis aussi ces bons conseils du Centre Orthopédique de Provence à leurs patients pour la rééducation de l'épaule.

Ces deux premières semaines sans attelle m'ont bizarrement épuisée : j'ai très peu fait de vélo d'appartement et même de Pilates. Il faut se reprendre !


Voir les conseils de epainassist (au bas de la page).

4 déc. 2014

Semaine 07 - 1er décembre 2014

Je passe à la deuxième phase de cette (més)aventure : le retrait de l'attelle et le début de la rééducation. Et j'ai de bonnes et de moins bonnes nouvelles !

La visite chez le chirurgien

Le penseur de Rodin
Que ressentent les statues ?
Mais d'abord, un rapide compte rendu du rendez-vous avec le chirurgien. Il a tout bonnement coupé le Dujarrier avec des ciseaux et j'ai été ravie de le voir finir à la poubelle (je ne voudrais cependant pas me montrer ingrate envers l'inventeur de ce gilet car c'est grâce à lui que mon os a cicatrisé correctement). Mes craintes à propos de manoeuvres douloureuses pour évaluer mon amplitude de mouvements du bras blessé étaient infondées, Dieu merci ! Et le retrait des agrafes est par ailleurs totalement indolore. Le chirurgien a mis un pansement à leur emplacement ; je pourrai l'enlever quarante-huit heures plus tard et doucher aussi cette zone (pour les bains, il faut attendre huit jours. Mais qui prend encore des bains aujourd'hui ?). Au sortir de l'attelle, mon bras est très douloureux et pend bizarrement, avec le coude encore à moitié plié. Cet enraidissement est normal et devrait disparaître (Mais quand ?). J'ai l'impression que mon avant-bras est en pierre et que ma peau est beaucoup trop serrée autour de l'épaule et de tout le bras.

Les réponses à mes questions

J'ai pu poser un certain nombre de mes questions au chirurgien. Pour les autres, son assistante (je suppose qu'elle est infirmière puisqu'elle est aussi en salle d'opération) me propose d'y répondre au téléphone ou par mail.

J'ai retenu ceci :

Dans des cas comme le mien, il est nécessaire de retirer le matériel une fois sur deux, pour cause de gêne du patient. Ce n'est pas anodin et ça ne se fait pas avant environ neuf mois / un an. On essaie d'ailleurs de ne retirer que les éléments qui gênent (une ou plusieurs vis ; le clou huméral étant profond, il ne devrait pas poser de problèmes).

Si au final j'arrive à lever le bras à 120°, on pourra considérer que c'est satisfaisant. Je prends ça comme une très mauvaise nouvelle. Cela dit, aujourd'hui, je ne peux le lever que de 10° grand maximum. Bien sûr, il faut que je me programme pour franchir cette barrière des 120°, quel que soit le temps que ça prendra.

Sac en papier
A mes questions sur la rééducation, le chirurgien répond qu'aucun accessoire n'est nécessaire pour les exercices à la maison et que c'est le kinésithérapeute qui me donnera les indications pour exécuter ceux-ci. Je ne relève pas d'un centre de rééducation et je peux m'adresser à un bon kiné de mon choix. Il m'indique aussi un kinésithérapeute qu'il recommande si je n'en ai pas. Il prescrit trente séances de rééducation et il me montre aussi deux mouvements à faire d'ores et déjà : détendre l'épaule blessée et laisser agir la gravité pour faire pendre le bras et, par ailleurs, prendre un petit sac dans lequel on met un peu de poids et le tenir devant soi en levant le bras (mon interprétation de cet exercice : un petit sac Sephora lesté d'une ou deux pommes).

Il me reverra dans deux mois (avec une radio de contrôle).

A mes questions concernant les références ou le contact avec d'autres patients, il répond que chaque cas est unique et qu'il vaut mieux éviter de s'égarer sur internet. End of story.

La rééducation

Le dilemme

J'ai déjà une très bonne kinésithérapeute qui m'aide en ce moment pour les douleurs de mon bras valide. J'ai confiance en elle et j'apprécie la relation que nous avons. Dans un premier temps, je décide de continuer avec elle pour la rééducation. Mais je suis d'un naturel inquiet, encore accentué dans ces circonstances, et je prends différents avis autour de moi. Après bien des hésitations, je finis par opter pour le kinésithérapeute recommandé par le chirurgien (je me dis qu'il aura un accès plus facile à celui-ci si ma rééducation ne se passe pas comme prévu). Cette fracture, c'est l'événement majeur de ma vie de patient et c'est un cas particulier (j'ai eu une fracture du sternum il y a quelques années, mais c'était du gâteau à côté de celle-ci). J'espère que ma kinésithérapeute ne m'en voudra pas trop, mais je garde un sentiment de culpabilité :(

La première séance

Mercredi : J'ai beaucoup d'appréhension, mais le contact est bon avec le kinésithérapeute. Il détend les muscles et les tissus autour du coude avec la technologie INDIBA® Activ. Concrètement, ça consiste à masser la région concernée en même temps qu'il passe une pièce, que je ressens comme assez chaude. A ma demande, je ressortirai du cabinet avec une brochure explicative sur la technologie en question (voir ici ce qu'en dit un kiné nîmois).



Il mobilise aussi légèrement mon bras et la douleur reste supportable. Il m'indique deux exercices à faire à la maison (je décide de les ajouter à ceux préconisés par le chirurgien) : le fameux pendulaire (je suis pour le moment loin de bouger le bras avec autant d'amplitude que cette jeune femme) :



et l'élévation du bras devant moi, un peu comme l'exercice du sac de pommes, mais en détendant bien le coude à chaque fois (très, très dur !).

Prochaine séance : vendredi.

La première nuit hors de l'attelle

Grosse déception : je m'attendais à un mieux-être et aussi à une diminution de la douleur, mais c'est tout le contraire. Outre les douleurs auxquelles je me suis habituée : celle due à l'enraidissement du coude et les douleurs collatérales (bras gauche, cervicales), mon épaule droite semble à nouveau être écrasée sous un camion ! Impossible de dormir en dépit des antalgiques. Je préfère me lever au bout de quelques heures pour chasser les idées noires. Debout et en activité, la douleur devient plus supportable (mais il faut bien dormir un peu !).

Je me dis que l'intérêt de ce blog pour les éventuels lecteurs récentes victimes de fractures, ce sera de voir, quelques posts plus loin, que ce n'était qu'une phase et qu'il ne faut pas désespérer.

Une note positive, quand même : c’est tout récent : je peux maintenant écrire de façon assez lisible avec ma main droite.


27 nov. 2014

Semaine 06 - 24 novembre 2014

Vache landaise
Zut, j'ai oublié mon cerveau à la maison !
Encore une semaine à tenir avant le rendez-vous avec le chirurgien, le 2 décembre. Je ne sais pas trop à quoi m’attendre : va-t-il me faire hurler en bougeant mon bras pour mesurer mon amplitude de mouvements (j‘ai lu des horror stories là-dessus) ? Devrais-je garder l’attelle de façon plus occasionnelle (pour sortir, pour dormir…) ? Je prépare une liste de questions que j’espère arriver à poser. Ça n’est pas gagné si je me réfère à mon opération du pied : j’avais eu tout le temps de peaufiner mes questions pendant les longues heures d’attente à l’hôpital le jour du rendez-vous avec le chirurgien, mais au moment où on m’a “processed” dans le cabinet du médecin, je suis passée en mode vache landaise, totalement hébétée, et je me suis retrouvée dans le couloir avant d’avoir pu dire Ouf ! ni bien sûr de poser la moindre question intelligente. Grâce à Dieu et à Sir Tim, il y a maintenant internet et tout n’est pas perdu ! Je suis aujourd’hui raisonnablement informée sur mon opération du pied.

Mes questions au chirurgien

Mon cas


  • Je comprends que ma fracture est dite avec déplacement. Où est-ce déplacé et de combien de centimètres, exactement ?
  • Garderai-je le hardware à vie ou est-il préférable de le retirer ?
  • Compte tenu de mon profil, avez-vous un pronostic sur mon taux de récupération ?
  • Tous mes os sont-ils comme du sucre mouillé ? 
  • Ai-je de l'arthrose à l'épaule ?
  • Avez-vous des conseils pour les cicatrices de la peau ?

La rééducation


  • Quelles sont les étapes : rééducation passive, puis active ?
  • Quels professionnels : un centre spécialisé ou un kiné de mon choix, ou que vous me recommandez ?
  • Quels exercices ? Avez-vous des flyers / des vidéos pour que je les fasse aussi chez moi ?
  • Quelle durée, quelle fréquence et quels accessoires préconisez-vous pour les séances ?
  • Que pensez-vous des massages ? De la balnéotherapie ?
  • Est-il pertinent de mettre du chaud et de prendre des antalgiques avant les séances et de mettre du froid après ?
  • Recommandez-vous d’acheter certains accessoires pour se rééduquer chez soi ?
  • Quel est l’objectif d’amplitude de mouvement visé ? Personnellement, je vise 100 % ; est-ce raisonnable ?

Le suivi 


  • Quelle est la durée et la fréquence du suivi par vous-même ?
  • Préconisez-vous un suivi par un autre professionnel ?

Et aussi


  • Y-a-t-il de la littérature, des vidéos, des publications ou autres que vous me recommandez ?
  • Quelles sont les séquelles possibles après ce type de blessure (frozen shoulder, etc.) ? Quel est le pourcentage de risques ?
  • Combien d’opérations comme celle-ci pratiquez-vous  par an ? Quel est votre taux de succès ? Quel taux de complications ?
  • Pouvez-vous me mettre en contact avec des anciens patients ?
A ce stade, soit il m'a jetée dehors, soit nous sommes en train de prendre le thé...

Je comprends bien que le temps des soignants n'est pas extensible. Mais il serait facile aux professionnels d'orienter leurs patients vers des FAQs, des communautés, des playlists, etc. L'idée commence à faire son chemin chez nos médecins, comme le prouve le site de ce chirurgien.

Il me reste une chose à faire avant cette consultation : prendre un rendez-vous pour un contrôle radio à faire la veille de la visite chez le chirurgien. Ce qui m'amène à me poser encore une question : le radiologue va-t-il s'aventurer à me dire ce qu'il pense de ma cicatrisation ?

Breaking News (again!)

Laurent Deutsch
Mais qu'est-ce qui se passe avec les célébrités ? J'apprends que Lorànt Deutsch vient d'être victime d'un accident de scooter. Il s'en sort avec de multiples fractures : clavicule, côtes, main droite, plus un pneumothorax. Je relativise ma misère !


Semaine 05 - 17 novembre 2014

La douleur

Les bandes KT Tapes
Evidemment, c'est moins glamour sur moi...
Depuis la semaine dernière, outre la douleur à l'épaule blessée, j’ai une gêne assez forte au bas de l’omoplate droite. Je suppose qu’elle est provoquée par des micro-mouvements involontaires. La kiné pourra peut-être traiter la zone aux ultrasons. Finalement, elle me place des KT Tapes sur l’épaule gauche. Si j'ai tout compris, ces bandes qui existent dans toutes sortes de couleurs qui claquent, sont destinées à soutenir le muscle et l'articulation sans entraver le mouvement. Les stars du sport en sont folles et on voit maintenant ces bandes bizarres dans toutes les manifestations sportives. Mais pour le glamour, en ce qui me concerne, c'est un peu raté : mes bandes sont beige orthopédique et n'ajoutent rien à mon sex-appeal !

Lire / écrire

l'Application Kindlr
Essayer de tenir un livre avec un seul bras (gauche) et de tourner les pages s’avère vite impossible. Heureusement, on est en 2014 : je fais chauffer mon application Kindle sur mon iPad (elle existe aussi pour Android). On peut ainsi lire sur tous ses appareils (iMac iPad, smartphone, etc.) les contenus qu'on a téléchargés. Pas besoin d'acheter une liseuse Kindle !

La synthèse vocale ne m’a pas convaincue sur la distance : corriger les erreurs est finalement plus consommateur de temps que de taper de la main gauche.


Breaking News (je n'ai pas pu résister au jeu de mots)

Le chanteur Bono
Bono aussi ! Le lead singer de U2 s'est cassé en plusieurs morceaux hier en faisant du vélo à Central Park. Bilan : trois factures de l'omoplate, fracture ouverte de l'humérus (du côté du coude), plus un petit doigt et une orbite cassés. Son chirurgien déclare qu'il aura besoin de rééducation intensive et progressive, mais qu'il devrait récupérer à 100 % (ça, c'est pour rassurer les financiers, je suppose). J'apprends aussi qu'il a eu récemment un accident d'avion : l'arrière de la cabine s'est détaché ! Et s'il porte des lunettes de soleil, ce n'est pas pour frimer, mais parce qu'il souffre d'un glaucome. C'est vraiment la loi de Murphy pour lui en ce moment. Pauvre Bono !


26 nov. 2014

Semaine 04 - 10 novembre 2014

Je progresse un peu dans l'autonomie : je peux peler une pomme et de façon plus générale faire faire une rotation à mon poignet droit. Je presse aussi mes fruits seule grâce au presse-fruits électrique.

S’habiller

T-shirt à encolure de danseuse
Il est vrai que la nécessité est mère de l’inventivité. J’avais cette semaine une sortie pour laquelle je voulais être un peu mieux équipée qu’avec un vêtement vaguement boutonné par dessus l’attelle. L’idée, c’est de trouver un haut de type t-shirt à manches longues avec une encolure suffisamment évasée (type encolure danseuse) pour le passer par les pieds (on en trouve de très bien chez Petit Bateau). On le glisse ensuite sous l’attelle, y compris la manche du bras valide et, en se faisant aider, on introduit le bras. Avec un peu d’entraînement et en y mettant le temps, on pourrait presque y arriver seul. Pour le côté blessé, on monte le haut du t-shirt jusque sous le bras et on utilise la manche flottante pour cacher (un peu) l’attelle. C’est trois fois rien, mais ça m’a paru un gros progrès au plan vestimentaire. Bien sût, il ne faut pas espérer remettre ces vêtements une fois qu’on aura récupéré ses deux bras : l’encolure est passablement élargie !

Poncho M&S
On peut même le laver en machine !
On est en novembre et il commence à faire froid à Paris : il me faut un vêtement chaud et facile à enfiler. Après quelques recherches infructueuses, je trouve un bon compromis chez Marks & Spencer : en polaire, pas très cher et pas trop laid. Jamais avare de compliments, quand il me voit dedans, mon mari me demande si je vais dire la messe !


L’activité physique

Je continue ma routine : Pilates quotidien, vélo un jour sur deux, un peu de marche tous les jours (sauf s’il pleut, ce qui n’est pas rare ces jours-ci).

Semaine 03 - 3 novembre 2014

Les assurances

Je n’y avais pas pensé, mais on me l’a suggéré : même si la personne responsable de l’accident n’a pas voulu s’identifier, il est utile pour l’accidenté de contacter son assurance. Dans mon cas, mon contrat me permet de bénéficier de quatre heures hebdomadaires d’aide à domicile pendant trois semaines. Je déciderai finalement de ne pas utiliser cette possibilité : j’ai un mari qui m’aide et quelqu’un qui prend en charge les plus gros travaux ménagers, et je préfère rester le plus possible autonome.

L’assureur demande évidemment tout ce qui peut documenter le sinistre : certificats médicaux, arrêt de travail, compte rendu opératoire, témoignages, etc. Il faut aussi conserver une preuve de toutes les dépenses en relation avec l’accident et envoyer un récapitulatif lors de la consolidation. Je découvre à cette occasion qu’il est utile de déclarer les accidents causés par des tiers, même non identifiés, à la Sécurité Sociale. Ça peut même se faire en ligne. L’idée, c’est de permettre à la Sécurité Sociale de se retourner vers l’assureur du tiers pour récupérer les montants des prestations à la victime. La Sécurité Sociale donne aussi ce conseil : “Signalez-le à tous les professionnels de santé que vous consultez pour des soins en rapport avec cet accident : médecins aux urgences, pharmaciens, masseurs-kinésithérapeutes... Ils cocheront alors la case relative à cette information sur vos feuilles de soins.”

Dans mon cas, je ne pense pas que ces déclarations aient une quelconque incidence sur l'évolution administrative future de cet accident, mais Better safe than sorry !

La douleur

La douleur
Elle est encore très présente, mais je ne prends plus les antalgiques qu’une ou parfois deux fois par jour. Le poids du bras qui tire sur les passants de l’attelle au niveau de la nuque n’arrangent pas l’arthrose et le bras gauche toujours très sollicité est douloureux au niveau de l’épaule, du coude et aussi du pouce. Avec la kiné nous avons décidé d’abandonner les massages et de passer plutôt à des étirements du bras gauche et à des ultrasons sur l’épaule gauche et le pouce. Elle me dit que l'efficacité des ultrasons n'est pas vraiment prouvée (ils ne sont d’ailleurs pas toujours efficaces). Mais pour ce qui me concerne, je constate une amélioration. Je fais deux séances par semaine et on garde le même protocole.

Dormir

Je commence les nuits en position assise et j’essaie aussi la position allongée. Je ne la supporte pas longtemps : le bras cassé glisse vers l’arrière et devient vite douloureux, me forçant à continuer en position assise. Même comme ça, le poids du bras cassé sur l'estomac devient parfois insupportable.

Semaine 02 - 27 octobre 2014

La douleur

Mon bras gauche, très sollicité, se rebiffe, ainsi que mes cervicales. Je me décide à une visite chez le généraliste pour quelques conseils.

Il prescrit douze séances de kinésithérapie, avec des doutes sur ce que pourra faire la kinésithérapeute, à ce stade (il s'agit non pas de toucher à l'épaule blessée, mais juste d'essayer de soulager les douleurs collatérales). Je commence la kinésithérapie quelques jours plus tard, d’abord avec des massages des trapèzes (ils sont en feu !) et du dos. J’ai une sensation de soulagement sur le moment, mais juste après la troisième séance, j’ai de fortes douleurs dans tout le bras valide. Elles semblent vraiment résulter du massage énergique et mettront quelques heures à s’estomper.

L’higiène personnelle

Une bonne coupe
Une bonne coupe
Une nécessité : adopter une coupe de cheveux basse maintenance. Dans mon cas, une coupe très courte qui rend moins pénible l’opération shampoing / séchage. L’expédition chez mon coiffeur habituel a néanmoins été une épreuve, notamment à cause de la douleur, toujours très présente, et de la crainte (la hantise !) qu’on ne me touche involontairement l’épaule.

Je reprends un peu d’assurance et je me douche maintenant prudemment le bas du corps dans la baignoire.

L’activité physique

Je remplace mes deux heures hebdomadaires de cours collectifs de Pilates et mes exercices quotidiens par une heure de cours particulier hebdomadaire avec mon professeur. Elle me conseille des exercices adaptés et je les pratique aussi tous les jours seule chez moi. J’ajoute par ailleurs un peu de vélo d’appartement, mais ce n’est pas très agréable : on finit par transpirer et sous l’attelle, c’est presque insupportable : je me limite à des séances de quinze minutes suivies de cinq minutes d’étirements. La marche à pied s’impose, mais les bénéfices sont gâchés par la hantise d’être heurté (on est à Paris !) ou de tomber : il pleut ou c’est humide et il y a des feuilles partout sur les trottoirs, qui ne demandent qu’à vous faire glisser.

S’habiller

Poncho
Pratique et à la mode
Il ne fait pas encore très froid. J’investis dans un poncho. Il a pour avantage de cacher complètement l’attelle. Mais du coup on ne se rend plus compte que je suis handicapée et chaque personne qui s’approche me semble une menace ! Je réalise qu'on passe vite de l'état de femme active à celui de personne âgée fragile et craintive. Ça n'est sûrement que passager !

Semaine 01 - 22 octobre 2014

Difficile la première semaine d’avoir une activité qui s’approche de la normale. Je suis absorbée par la gestion de la douleur et les mille et un petits problèmes posés par les gestes quotidiens (la liste est longue de tout ce qu'on ne peut plus faire, sinon au prix de gros efforts).

Mon premier réflexe est de me renseigner d’abord sur les fractures de l’humérus et ensuite sur l’ostéoporose (j'en parlerai dans un autre billet)). Les blogueurs (tous anglophones, plus un français), m'ont aidée à ne pas céder au pessimisme. L’intérêt de ces blogs, c’est qu’ils s’inscrivent dans la durée : on suit l’aventure depuis l’accident jusqu’à quelques années plus tard pour certains. C’est rassérénant de voir que leurs auteurs ont souvent complètement récupéré.

Je comprends que l'épaule est une articulation complexe (la plus mobile du corps ?). De nombreuses vidéos en expliquent le fonctionnement. Celle-ci me semble dire l'essentiel en moins de deux minutes. Mais pour en savoir davantage, rien de tel que les vidéos 3D de Lyon 1, comme par exemple celle-ci :


La douleur

Epaule douloureuse
Le chirurgien m’a prescrit des comprimés de Lamaline (paracétamol, opium, caféine). J’ai retenu d’une récente opération du pied qu’il ne faut pas laisser la douleur s’installer et je prends scrupuleusement les comprimés. Je ne constate pas d’effets secondaires gênants. En revanche, il me faut prendre pendant dix jours du Celebrex, un anti-inflammatoire que je redoute pour ses possibles effets sur l’estomac. Mais le Mopral qu’on m’a prescrit également pendant dix jours a globalement bien fonctionné.

Il faut aussi gérer les petits bobos et l’inconfort. L’orthopédiste avait laissé dépasser de l’attelle le bout de trois doigts de ma main droite, mais dès la première nuit la main a glissé dans le manchon de l’attelle et le bras était tellement gonflé, et l’épaule si douloureuse, qu’il a fallu bien des efforts pour arriver à la sortir à nouveau, avec l’aide de mon mari. J’avais aussi une ampoule à la main, provoquée par le bandage, vraiment gênante et totalement hors d’atteinte. Je finirai par arriver à la recouvrir d’un pansement spécial ampoules qui me soulage bien. Il faut aussi gérer les démangeaisons sous l’attelle (activité peu ladylike !).

Dormir

Dormir
Le sommeil : allégorie !
C’est un vrai problème et ça le restera encore pendant les semaines suivantes. Il faut se résigner à dormir assis. C’est très inconfortable et si on a des problèmes d’arthrose dans les cervicales, ça semble les agraver. Je vois sur tous les blogs anglo-saxons que les gens dorment dans des recliners, mais je n’ai pas ça chez moi et je n’en trouve pas en location. J’ai donc recours à des empilements savants d’oreillers. Le résultat n’est pas vraiment satisfaisant.

L'hygiène personnelle

Dentaire

La Papilli Fork
Très astucieux.
Un impératif si on ne l’utilise pas déjà : passer à la brosse à dents électrique. Par ailleurs, pas question bien sûr d'utiliser le fil dentaire avec la seule main gauche : ma pharmacienne me trouve un petit outil absolument parfait : la Papilli Fork. On peut tendre sur ce petit support son fil dentaire préféré. J'ai aussi acheté sur Amazon les dental flossers jetables Plackers Gentle Fine, suggérés par une compagne d'infortune. Je confirme qu'ils sont très pratiques aussi.

Corporelle

Impossible donc de doucher le haut du corps. La solution, c'est de recourir aux lingettes. Difficile au début d'arriver à passer sous le bras, même précautionneusement, à cause de la douleur encore très aiguē. Mais ça finira par devenir plus aisé. Une impossibilité toutefois : laver le bras valide. Il faut se résoudre à demander de l'aide.

Pour le bas du corps, on arrive à se doucher, même avec un bras gauche. Mais si on a une baignoire, il faut être extrêmement prudent : les deux premiers jours, un peu par désespoir, je m'y suis risquée, mais j'ai ensuite perdu confiance et je me suis résignée au lavage au lavabo. J’ai envisagé l’achat d’une sorte de banc qu’on pose sur sa baignoire pour pouvoir prendre des douches avec moins de risques, mais après investigation, j’y ai renoncé : ces équipements sont chers et vraiment moches.

Les cheveux

Se laver les cheveux seule au lavabo avec seulement un bras gauche est un réel challenge. Mais on y arrive. On finit pas inventer des astuces : mettre le shampoing dans une coupelle avant de commencer, c’est plus facile que de presser le tube au moment où on en a besoin. Pour le séchage, je suspends le séchoir par un crochet à un bouton de porte d’une armoire de salle de bain en hauteur. Une alternative serait d’investir dans un support.

S’habiller

S'habiller : un challenge
Rester élégant !
Tout le haut du corps est prisonnier (sauf le bras gauche). Impossible d’enfiler un t-shirt ou une chemise. Je me résous à mettre un t-shirt d’homme que je passe par-dessus mon bras cassé. Ce n’est pas très pratique parce que du coup les doigts de la main droite ne sont plus accessibles alors qu’ils aident dans bien des activités. Je sacrifie un t-shirt en découpant un passage pour l'extrémité libre de ma main. J'essaie aussi la chemise d’homme que je boutonne un peu en haut, ce qui a l’avantage de permettre d’accès à la main droite. Dans les deux cas, le résultat esthétique est discutable.

L’alimentation

Les brocolis
Il a tout bon !
Je me documente sur ce qui favorise la cicatrisation des os : ça n'est pas simple de s'y retrouver quand on est béotien sur le sujet (je suis végétarienne pour des raisons éthiques mais je ne suis pas particulièrement calée en diététique). A ce stade de mes investigations, je retiens qu’il vaut mieux adopter une alimentation alcalinisante et éviter tout ce qui est acidifiant. Je supprime totalement le verre de vin rouge du dîner et les 4 Nespresso quotidiens et je force sur les crucifères (brocolis, etc.) et les légumineuses. Je reviendrai sur le sujet de l'alimentation dans un prochain post.

Je découvre par ailleurs qu'il est conseillé pour garder un bon squelette de s'exposer au soleil un quart d'heure par jour, la peau à nu, bien sûr et sans écran solaire. Je profite de chaque rayon de soleil pour transformer mon salon en solarium.

L’opération - 20 octobre 2014

s
La tête de l'humérus est en trois morceaux !
Avant
On m’avait demandé d’être à la clinique lundi à 8 h 30, mais je n’ai été opérée que lundi soir. Lorsqu’il est passé en début d’après-midi et qu’il a regardé la radio (bizarrement, les radios ne semblent pas faire partie du dossier transmis par les Urgences aux équipes médicales traitantes), le chirurgien a déclaré que le cas était plus compliqué qu’annoncé et que l’opération nécessitait des instruments qui avaient servi et devaient être stérilisés. Il fallait donc patienter mais je serais opérée le soir même.

J’ai des souvenirs de douleur majeure en salle de réveil et les jours suivants, comme si j'avais l'épaule droite coincée sous un camion, malgré les antalgiques.

La visserie
Après
Lors de sa visite du lendemain matin, le chirurgien orthopédiste me dit que l’opération s’est bien passée, qu’il s’agit d’une fracture en trois morceaux de la tête de l'humérus sur un os de type “sucre mouillé” et qu’il faudra donc se préoccuper de l’ostéoporose :( On m’a ensuite fait une radio et j’ai pu voir son travail : un clou huméral et des vis pour tenir le tout. Les petits tortillons sont les agrafes. Le bras cassé est mis "coude au corps” par une attelle (c'est le Dujarrier) scotchée par le chirurgien à même la peau, avec interdiction d'y toucher jusqu'au rendez-vous 6 semaines plus tard. Ce qui apparaît du bras (juste un morceau du coude) est très gonflé et très coloré.

Arrêt de travail jusqu'au 1er janvier ! Et je serai en retraite le 31 janvier.

Il faudra des clous !
Craac !
Je ne suis pas en état de poser des questions sur ma blessure, ni sur comment on l’a traitée. Ce n’est qu’un mois plus tard, lorsque je recevrai le compte rendu opératoire, que je saurai qu’il s’agit d’une “fracture céphalotubérositaire associée à une fracture du trochiter de l'humérus droit”, la forme la plus grave, selon ce site. Je suppose que mon trochiter avait à peu près cette allure-là (source : OrthoSport).

Cette vidéo du site allodocteurs.fr (la dernière au bas de la page : Réparer une fracture de l’humerus) ressemble sans doute à mon opération. Le chirurgien a pratiqué une “ostéosynthèse par clou T2 Strycker”. Ce document m’en dit plus sur le matériel que j’ai dans le bras. Il semblerait que les broches ou plaques ne soient enlevées que si elles gênent le patient. Je fais des voeux pour que ce ne soit pas mon cas !

je passe une seconde nuit, très pénible, à la clinique et me voici de retour chez moi prête à passer ma première semaine post-opératoire. Mon mari serre les dents !

L’accident - 18 octobre 2014

C’est arrivé un samedi après-midi. Rien de glorieux, comme un accident de snowboarding, de cheval, de patinage, ni même de bicyclette ! J'étais derrière un groupe de jeunes filles dans une queue au cinéma. L'une d'elles a fait un mouvement très brusque en quittant la caisse au moment où je m'avançais vers la caisse suivante. J'ai fait un vol plané en tendant par réflexe le bras droit en avant pour me rattraper. J’ai appris depuis (trop tard !) que la réception sur la main et le bras tendus est l’une des causes courantes de fracture de la tête de l’humerus.
L'instant suivant, j'étais au sol avec une douleur effroyable à l'épaule et dans l'impossibilité de me relever. Un agent de sécurité est arrivé avec un fauteuil roulant. Il a pris les choses en mains avec beaucoup de professionnalisme et de gentillesse : il a appelé les pompiers et contacté mon mari. J'ai eu le réflexe de demander ses coordonnées à la jeune fille qui m’a fait tomber, ce qu'elle a refusé avec la dernière énergie avant de disparaître avec ses amies (à son âge, qu'aurais-je fait dans les mêmes circonstances ?). 
L'orthèse Dujarrier
Le Dujarrier
Les pompiers eux aussi se sont montrés rassurants et compétents. En revanche, aux urgences, j’ai été parquée dans un couloir et mon mari dans un autre pendant quelques heures au bout desquelles on m’a fait une radio. Après un délai considérable, quelqu’un (un médecin radiologue ? En France, contrairement à ce qu’on voit dans les séries américaines, les personnels des hôpitaux ne semblent pas avoir pour habitude de s’identifier) m’a informée que j’avais une fracture, mais qu’avec deux ou trois clous, ce serait réparé. L’hôpital ne pouvant me prendre en charge (nous étions samedi), un rendez-vous avait été pris pour moi dans une clinique de mon quartier pour une opération lundi matin. On m’a alors posé une attelle et renvoyée chez moi. Ceux qui ont expérimenté ce type de fracture imaginent ma tête (et mon week-end) ! Je vais vite m'en rendre compte : la fracture de l’épaule, ça n’est pas pour les mauviettes !

Pourquoi ce blog ?

La chute
Mauvais réflexe !
J’ai fait une mauvaise chute qui a eu pour résultat une vilaine fracture de la tête de l’humérus droit (incidemment, je suis droitière). Ce type de fracture est notoirement douloureuse et assez invalidante. Les blogs de personnes qui ont subi le même type d’accident m’ont beaucoup aidée à la fois à ne pas déprimer (c’est motivant de suivre leurs progrès) et à m’ajuster pour tous les petits (et grands) tracas du quotidien.

La plupart de ces blogs sont en anglais et on n’en trouve guère en français. Or, ce qui est intéressant quand on est soi-même concerné, c'est d'avoir aussi le point de vue du patient, en camera subjective en quelque sorte, ou encore en First Person Shooter pour les amateurs de jeux vidéo.

Ce journal est donc ma contribution pour aider tous ceux qui vivent la même situation ou qui ont à aider quelqu’un de leur entourage.

Il n’est pas toujours facile d’être informé sur son état lors d'un accident : on n’est pas en mesure de poser les bonnes questions, on peut ne pas bien mémoriser ce qui nous est dit, on craint de déranger des soignants débordés, etc. Ainsi, je tiens ce journal depuis ma chute, mais je n’ai commencé la publication qu’un mois plus tard, lorsque j’ai eu connaissance de mon compte rendu opératoire. Auparavant, je n’avais pas suffisamment d’informations médicales pour être vraiment pertinente.

Pour compléter l'information, j'ai 65 ans et sans être sportive, je suis plutôt active : je pratique régulièrement le Pilates depuis plus de 6 ans. J'ai par ailleurs souffert toute ma vie de douleurs articulaires.


Avertissement

Ce blog n'a aucune autre prétention que celle de livrer un témoignage. Seul un professionnel peut fournir des réponses autorisées aux questions relevant du médical.